mercredi, février 04, 2009

Anne (second témoignage)

Cher Monsieur,
Je me félicite que la publication de mon témoignage n'ait eu lieu que ce mardi matin. Un stress intense s'est emparé de moi lorsque j'en ai pris connaissance. Je rencontrais mon thérapeute le soir avec immense soulagement.
Mélange de parole libérée, parole à libérer, je suis parvenue à faire état de mes actes récents, de la lecture à l'écriture. J'ai pu m'approprier et m'exposer avec les mots d'A. Pulvar, les vôtres, les miens propres, ceux de mes réussites les plus récentes et les plus intimes. Beaucoup de "prise de risque" (sans risque, vous vous en doutez, mais ça, c'est l'avis que je vous prête sans pour autant être personnellement convaincue encore de sa véracité à cent pour cent), immense sanglot, ou souffle court, mais le cran d'avancer, d'écraser mes interdits, naviguant à vue en terrain métastable.
Je suis sortie étourdie, grisée. Puis apaisée, envie de flâner dans le froid, la tête haute, sourire tranquille, j'avais gagné dix centimètres, j'avais vingt ans de moins, bien dans mon âge, dans mon corps, dans ma tête.
Le ciel ne m'est pas tombé sur la tête : je dirais au contraire qu'il s'est élevé, éclairci. Mon espace vital a grandi.
Je ne me leurre pas : la route est encore longue, mais l'avancée belle, tellement belle ! Quel magnifique signe d'encouragement !
Merci
Anne

mardi, février 03, 2009

Anne

La lecture de votre livre sur les souvenirs m'a amenée à visiter votre blog
Merci de votre investissement à décrypter, comprendre, expliquer comment (dys)fonctionne l'humain.
Avec toute ma sincérité
Anne

1 Ecole maternelle : merci mon chien
Enfants rangés dans le couloir
Souhait de plaisanterie
Claque pour insolence

J'avais 4 ou 5 ans, j'étais à l'école. Dans le cadre d'une activité inhabituelle qui ne me revient pas aujourd'hui, nous avions été, filles et garçons, installés assis par terre, le long du couloir. Un gros tuyau allait d'un radiateur en fonte à l'autre dans le bas de notre dos. La maîtresse est passée dans le couloir distribuer à chacun un bonbon à l'anis.
La maîtresse, contrariée, s'arrête devant un camarade et lui dit "Merci qui ? Merci mon chien ? "
Un merci timide a dû sortir de sa bouche, mais je ne me souviens plus. Ce que je me rappelle, c’est ce que j'allais répondre, peu après, quand ce serait mon tour, fière de faire un trait d'humour, une blague, quoi.
Une claque cuisante se fit l'écho du tac au tac de mon " merci mon chien ! ", une claque pour insolence.
La maîtresse, directrice de l'école, était ma mère.
Parole spontanée non comprise, rejet de l'idée que je peux avoir un comportement particulier, identifiable, non conforme à la norme établie. Je suis sortie du rang : ce n'était pas convenable.


2 Noël en Suisse : 2° fer à repasser
Déconvenue
Pleurs
Echange avec une cousine grâce aux oncle et tante

J'avais 5 ou 6 ans, j'étais en Suisse, chez mes grands parents paternels. C'était au Nouvel An, des cousins et cousines étaient présents avec leurs parents. Lorsque j'ai ouvert le cadeau de Noël offert par mon oncle et ma tante, déception et pleurs : un 2° fer à repasser !
Je me souviens du sentiment de culpabilité engendré par ma mère qui refusait que je ne sois pas satisfaite, qui ne voulait pas m'entendre me plaindre devant les autres. La solution et l'écoute sont venues de ma tante qui, avec bienveillance, a proposé que j'échange mon cadeau avec celui d'une de mes cousines.
Sentiment d'être trahie, abandonnée, par ma mère, d'être insignifiante à ses yeux : une autre qu'elle trouvait une solution d'apaisement.


3 Jeux derrière l'école
Vélo sur les cailloux et chute
Dinette dans l'herbe
linge qui sèche
Thérèse C.
Vacances, parfois le mercredi

J'étais enfant, les activités décrites ci-après ont pu se dérouler de l'âge de 3-4 ans vers l'âge de 12-13 ans.
Derrière l'école (nous ne pouvions aller dans la cour goudronnée : c'était interdit par ma mère), je faisais du vélo dans le chemin caillouteux. Souvent je suis tombée, j'ai pleuré, les genoux en sang. L'eau oxygénée nettoyait, mais piquait tout de même, alors je pleurais fort, mais jamais je n'ai entendu de petit mot de réconfort, de compréhension : rien pour accompagner ma douleur, même si elle n'était que passagère et les plaies bénignes. Ce que je me rappelle, c'est la demande pressante de me taire, de ne pas pleurer : le refus de ma douleur.
D'autres fois, le linge séchait sur les fils tendus sur la longue plage herbue (il ne fallait pas aller y jouer, dans le linge propre). Je jouais à la dinette avec la fille de la femme de ménage, de 2 ans mon ainée, la seule autorisée à venir jouer avec moi derrière l'école.
C'était les vacances, ou certains mercredis. C'était des moments heureux.


4 Chute avec mon manteau blanc
Manteau du dimanche
Sortie exceptionnelle, lac de Genève
Drame du manteau jamais mis devenu boueux en quelques secondes

J'avais 3 ou 4 ans, c'était un Dimanche. Mes parents sortaient peu mais encore de temps à autres, à cette époque : nous étions, endimanchés, au bord du lac de Genève. Mais c'était l'hiver. Et je suis tombée dans la terre (la boue peut-être ?) avec mon manteau blanc (du Dimanche !). Ce manteau que je ne mettais jamais. Et pourtant qui fut si vite sali !
Déception de ma mère, reproches d'avoir chuté avec mon manteau blanc.
Souvenir d'enfermement. Enfermement dans un système contraint par des règles (il ne faut pas …), enfermement dans ma tête : je suis tombée (et donc vexée de cet échec), mais la seule chose importante au yeux de ma mère, c'est la blancheur du manteau : rien d'autre n'est à retenir de cet épisode et si d'aventure un ressenti m'envahissait que j'aurais eu besoin d'exprimer quant à la chute, quant à la réelle valeur de la blancheur du manteau au regard de mon être, je le garde, je l'enfouis dans ma tête, je ne lui prête pas même des mots, je n'ai pas le droit.


5 Cousin et cousines lors des fêtes
Théâtre drôle

J'avais 4, 5, 6, 7 ans, pendant les "petites vacances", nous allions passer la journée chez mon oncle et ma tante. Il y avait mon cousin, mon frère, deux cousines, filles d'un autre oncle. Nous jouions dans la chambre de mon cousin : les garçons de 3 à 5 ans nos ainés, animaient des personnages, petites figurines diverses, derrière le bureau qui servait de castelet. Nous, les filles, nous riions bien volontiers et à gorge déployée.
Pas de parents, moments libres et heureux.


6 Dimanches après-midi
Cousin
Théâtre de viol
Atmosphère feutrée
Insistance et tout à la fois délicatesse

J'avais 8, 9, 10, 11, 12 ans ? Cette même chambre, de nombreux dimanches après-midis, mon frère absent, travaillant à la maison, atmosphère feutrée, lieu de lecture des Astérix (il n'y en avait pas à la maison : première entorse au règlement !), une insistante délicatesse, a été le théâtre du viol.
Vol de candeur, mise en jeu de ma complicité, de ma culpabilité, de ma responsabilité, de mon désir. Tout a été fait dans la douceur, la fermeté, l'insistance douce, l'engagement au silence, le secret que l'on ne dévoile pas parce qu'il entre dans le domaine des interdits réalisés au nez et à la barbe des parents. Je me trouve entraînée dans des séances répétitives, que je finis par solliciter, même. Quelle adresse ! La victime devient son propre bourreau, responsable de sa propre détresse !
Rien n'était réellement désagréable : c'est d'autant plus difficile de s'affirmer victime, prisonnière de connaissances sexuelles que l'on enferme devant la famille, mais aussi devant les camarades de classe (filles ou garçons) avec lesquels les relations sont irrémédiablement faussées, et finalement inexistantes.
En effet, comment converser, sans attirer l'attention, sur des sujets que l'on n'est pas sensé connaître, mais dont on a maintenant une expérience confirmée ?
A la maison mon frère a, à son tour, tenté une approche : j'y ai répondu favorablement. De cela, je me sens coupable. Même si, trente ans plus tard, le thérapeute m'affirme que je suis la victime, que mes bourreaux ont usé de leur ascendance, de leur identité de "grand", et à ce titre de leur position de détenteur de la vérité (merci maman !).


COMMENTAIRES

L'enfermement dans lequel je me suis isolée du monde qui m'entoure est aujourd'hui bien dur à percer. Je n'ai pas vécu car isolée du monde par ma mère. Je n'ai pas vécu car isolée du monde par moi-même. Par mimétisme aussi : ne pas déranger les voisins, ne pas faire de bruit, ne pas bouger, ne pas s'exprimer, se taire, se taire, se taire, SE TAIRE. Se taire et plaire, au moins à sa mère.

Et pourtant, lui plaire est si difficile ! Ce que je fais n'est jamais bien, toujours imparfait. Et pourtant, je cherche à lui plaire, encore aujourd'hui ! Tout au moins, la décevoir le moins possible, chercher une accroche, un compliment, un geste complice, une approbation.

Aujourd'hui, lorsque je reste effacée, c'est d'abord pour écouter les autres, apprendre des autres, ce que je n'ai pas pu faire avant. Mais c'est aussi me mettre en retrait, me bâillonner un peu plus, alors que mon besoin est celui d'avoir des relations équitables. Je continue de m'isoler dans mon monde alors qu'il est grand temps de vivre !

Mon fils est là, qui doit grandir, et que je ne peux brimer. Oh, oui, c'est évident, les manies maternelles ressortent, dès qu'elles le peuvent, ancrées en moi, engrammées, perturbantes, sources de violences (verbales, gestuelles), de conflits, tout ça pour … ………RIEN.
Et les collègues, avec lesquels tout est difficile, car rien n'est dit, car tout reste intériorisé, rien ne sort, rien ne transparaît, rien ne peut transparaître, rien ne doit transparaître. Tout ça pour quelques RIENS.

Aujourd'hui, je m'ouvre, lentement, image noire, grise, anthracite, sorte d'œuf-fleur de béton et d'acier, chose noire, grise, sale, chose qui s'ouvre, lentement, assurément, difficilement, sans grincer, qui progresse, qui stagne puis avance encore.


Ma difficulté à parler, à dire, à m'exprimer, est certainement la même que celle de mes parents. Pourquoi ?
- Leur refus de prendre en compte mon histoire : lorsqu'un jour, il y a une vingtaine d'années, avec mon compagnon d'alors (avec lequel la relation amoureuse était particulièrement périlleuse), nous les avons acculés devant la vérité -enfin, une partie de la vérité : il était hors de question de sortir du cercle familial proche, de mon cousin il n'a pas été question-,
- leur besoin de réenfouir très vite cette blessure inimaginable à peine exhumée,
furent les témoins de leur incapacité à s'exprimer, à parler, à prendre du recul, à admettre que leur progéniture était sortie du "droit chemin". Déméritait-elle pour autant ? Ne nécessitait-elle pas, pour une fois, un peu d'empathie ?
Fallait-il vraiment, là encore, ne chercher qu'à revenir sur un chemin délimité, tracé, connu de tous, sans ombre, sans piège, sans embûche, dicible et visible par le voisinage et la famille, dans lequel l'habitude guide nos pas, nous conforte dans une situation où nous n'avons pas à "agir",
ou fallait-il attraper la balle au bond, prendre du temps, avoir le courage de sortir de sa "non action" et construire enfin quelque chose avec son enfant ?
Pas une once d'intérêt pour ce qui venait d'être dit : un seul empressement à tout vouloir masquer, cacher, taire, soustraire à la vue et au su des autres : "personne d'autre n'est au courant ?" Là, l'attitude de mon père est clairement celle dans laquelle je m'étais fondue et continue de me fondre depuis.

J'ai vécu longtemps avec l'idée que mes parents se moquaient bien de ce qui m'était arrivé, que certainement, ils préféraient mon frère, même si dans le même temps, je me persuadais qu'ils nous avaient éduqués avec les mêmes principes et qu'ils n'avaient pas réellement de préférence. J'ai très récemment interprété la réaction de mes parents : ils n'étaient pas prêts, ils ne sont pas prêts aujourd'hui encore, à affronter une situation qui les dépasse. Ils ne se sont pas rendus compte, ils ne se rendent pas compte aujourd'hui encore, que j'ai seulement survécu pendant 30 ans, et qu'un geste attentif, une parole compréhensive, le souci d'imaginer mon ressenti, quand ils ont su, m'auraient peut-être aidée à cheminer la tête haute dans la vie.

Anne

mercredi, janvier 30, 2008

Marie Christine R. 51 ans

MOUGINS le 27 décembre 2007

Monsieur Estrade,

Lorsque je suis allée à la soirée des écrivains à Mougins en juin 2007, je ne pensais pas un instant rencontrer un psychanalyste. Peu de temps avant, j’avais perdu mon père en mai 2007 d’une maladie que je ne souhaite pas à mon pire ennemi : la maladie d’Alzheimer. J’étais donc encore à cette époque un peu fragile et j’avais sollicité l’aide d’un de vos confrères pour « passer le cap ». Quand j’ai vu le titre de votre dernier livre de l’époque en allemand « ces souvenirs qui nous gouvernent » j’ai été saisie de curiosité car j’ai toujours considéré que les souvenirs laissent des traces dans la vie. J’ai failli ne pas acheter ce livre, en me disant que ce n’était pas le moment étant donné les circonstances. Je me suis laissée convaincre car en tant que bon professionnel de la communication vous m’avez d’abord parlé de mon collier africain, avant de me parler du reste. J’ai admiré votre habileté de communicant sans toutefois considérer cela comme surfait.
Aussi, je ne pouvais pas terminer l’année 2007 sans vous faire part des événements qui ont suivi cet achat. Pour terminer l’introduction et me présenter, je suis cadre infirmier enseignant, depuis ma sortie du diplôme d’Etat je me passionne pour tout ce qui concerne le fonctionnement du psychisme humain. C’est un long chemin, à la fois autodidacte et thérapeutique, qui m’a amené à découvrir que j’avais surtout envie de faire connaissance avec moi-même.
Je reviens donc à l’objet de ce courrier : votre livre. J’ai joué le jeu des souvenirs en croyant avoir déjà suffisamment exploré mon être intérieur pour ne rien y découvrir (orgueil). Toute la partie théorique m’a fait une bonne révision synthétique et très claire. Par contre quelle n’a pas été ma surprise de constater dans l’antre de mes souvenirs et malgré ces années de thérapie, aucune présence de ma mère. Une des thérapies que j’ai effectuées a principalement travaillé sur la lignée maternelle (en psycho généalogie) et a mis à jour de grosses difficultés, mais je crois que je n’étais pas arrivée au stade du pardon, la mort de mon père et votre livre m’ont proposé de le vivre. Voila que tout d’un coup j’ai compris pourquoi j’avais été si mal après le décès de mon père. En effet, j’ai compris pourquoi je ressentais encore de l’agressivité envers elle, pourquoi elle m’avait laissé porter le fardeau de la maladie de mon père, pourquoi lors des derniers instants elle m’a obligé à me positionner pour que mon père ne souffre pas trop longtemps. J’ai compris que ce décès mettait à jour un problème beaucoup plus ancien que j’ai toujours eu avec elle. Cette découverte non seulement m’a été bénéfique, mais elle m’a permis de me sentir tout à fait mieux au point d’arrêter le soutien que j’avais sollicité. Même si cette version vous parait un peu trop idyllique, je crois qu’aujourd’hui, à la veille de revoir ma mère pour les fêtes, je vais enfin pouvoir vivre une relation apaisée avec elle. Je tenais à vous apporter ce témoignage, car je crois beaucoup, en tant que jungienne convaincue, qu’il n’y a pas de hasard et que les rencontres s’opèrent pour le plus grand bien de chacun.
Inutile de vous dire que par la suite j’ai acheté « comment je me suis débarrassé de moi-même » pendant l’été. Celui là, je crois l’avoir relu au moins trois fois en y redécouvrant à chaque fois des choses différentes et surtout beaucoup d’écho par rapport à ma vie. J’ai largement prêté et conseillé la lecture de ce livre, et en particulier à une de mes collègues que j’avais sentis très mal et qui vient vous voir. Beaucoup de mes étudiants l’ont apprécié Une a même dit que « c’était mieux qu’une thérapie ».

Vous m’avez fait découvrir la pensée d’Adler. J’ai beaucoup lu Freud et Jung mais peu Adler, sur lequel il semble que vous ayez beaucoup travaillé pour écrire le livre des souvenirs. Auriez vous un ou deux livres à me conseiller ?
Je serais intéressée par une réflexion autour de ces thèmes et pourquoi pas dans le cadre de conférences, échanges.

Nous sommes bien de pauvres créatures qui se débattent comme elle peuvent et je crois que la chanson de Brassens illustre parfaitement mon propos « Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force, ni faiblesse, ni son cœur et quand il croit ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix »

Merci à vous de m’avoir à ce point touchée dans mon être profond. Votre expérience et votre culture sont un bien précieux pour les autres.


Marie-Christine R. (51 ans)

jeudi, janvier 03, 2008

Anna à propos du pardon

Il me coûte énormément d'intégrer le concept du pardon. Les enfants de parents athées, tout comme ceux des parents religieux, traînons toute notre vie une sorte d'inflexibilité frappée au fer rouge. De là mon incapacité à pardonner certaines erreurs des parents qui marquent et gouvernent si profondément la vie d'un enfant...

Montse

Voici trois souvenirs qui m'arrivent d'Espagne où mon livre Ces souvenirs qui nous gouvernent vient de sortir. Les trois souvenirs ont été traduits avec l'aimable participation de ma traductrice offiicielle catalane Amalia Prat. On voit combien l'injustice peut avoir de conséquences néfastes pour un enfant.
Patrick Estrade

Hola , acabo de leer tu libro , "Los recuerdos que gobiernan nuestra
vida". Me gustaria escribir los recuerdos que escribí cuando leí el
libro . He visto que en el blog todo está escrito en francés o
inglés , sin embargo yo soy catalana y te lo envio en castellano
(español).Si hay algún problema ya lo traduciré , muchas gracias.
Maria

Bonjour,
Je viens de livre votre livre (en langue espagnol) et j'aimerais vous transmettre les souvenirs que j'ai écris en le lisant. Je m'aperçois que le blog est en français ou anglais, mais étant catalane je vous l'envoie en castillan. S'il y a un problème, je peux vous le traduire. Merci beaucoup.
Montse

RECUERDO 1
Estoy en clase y me da mucha vergüenza hablar.Tengo miedo de que si
abro la boca , van a castigarme. Me estoy haciendo un "pipi" pero no
me atrevo a decirlo. Finalmente el pipi se me escapa .Las monjas me
castigan , me quitan las bragas , me suben en una silla en medio de
la clase con las bragas en la cabeza para que todas las niñas se
rieran de mi , y como ejemplo de lo que no debe hacerse . Sólo tenia
cuatro años. Mis padres nunca se enteraron de esto .Este episodio ha
marcado mucho mi vida y a alimentado en mi complejos de
inferioridad , culpabilidad , no superados . Siempre he creido que
soy la oveja negra de la familia , no digna de tener amigos . Durante
muchos años me cuesta mucho relacionarme y conservar amistades.

PREMIER SOUVENIR
Je suis en classe et j'ai honte de parler. Je crains que si j'ouvre la bouche on ne me punisse. J'ai envie de faire pipi mais je n'ose pas le dire. Finalement, je le fais dans ma culotte. Les bonnes soeurs me punissent: elles enlèvent ma culotte, me font grimper sur une chaise au milieu de la classe en me calant la culotte sur la tête pour que toutes les autres petites filles se moquent de moi, et comme exemple de ce que l'on ne doit pas faire. Je n'avais que quatre ans. Mes parents ne l'ont jamais su, Cet épisode a profondément marqué ma vie et a alimenté en moi des complexes d'infériorité et de culpabilité non surmontés à ce jour. J'ai toujours cru être la brebis galeuse dans ma famille et de ne pas être digne d'avoir des amis. Depuis de longues années j'ai des problèmes de relation et il me coûte de conserver les amis.

RECUERDO 2
El dia de los reyes magos en mi casa es un dia mágico.Mi padre , que
es como un niño , disfruta mucho este dia. Le encanta hacer
regalos .Pero vamos a casa de nuestra tia abuela que es madrina de mi
hermana pequeña y cada año le trae un regalo muy bonito.A mi , en
cambio , me regala algo muy pequeñito y feo .Pienso que es injusto ,
es el dia de reyes y no tendria que haber diferencias .Me siento no
querida, es evidente que hay preferencias . Sin embargo , nunca se me
ha ocurrido quejarme.Mis padres tampoco dicen nada al respeto.

DEUXIÈME SOUVENIR
C'est le jour des Rois, jour magique à la maison. Mon père, comme un enfant, est vraiment ravi ce jour-là. Il adore faire des cadeaux. Mais plus tard on va chez une vieille tante qui est la marraine de ma soeur cadette, à qui chaque année elle fait un beau cadeau. Par contre, à moi, elle m'offre quelque chose d'insignifiant et pas du tout plaisant. Je pense que c'est injuste, c'est le jour des Rois et il ne devrait pas y avoir de différences. Je me sens mal aimée, les préférences sont évidentes. Néanmoins, je n'ai jamais osé me plaindre. Mes parents non plus ne se prononcent pas à ce sujet.

RECUERDO 3
Cuando tenia diez años se murió mi abuela materna.Era la única
abuela que habia conocido y la queria mucho.Yo queria ir a su
entierro pero no me dejaron ,tampoco me dejaron despedirme de ella .
Yo me sentia mayor y madura pero mis padres no lo consideraron así ,
para ellos fue un tabú , nunca hablamos de ella y yo estuve muchas
noches soñando con ella.Tuve la sensacion de tener algo pendiente .

TROISIÈME SOUVENIR
J'avais dix ans lorsque mourut ma grand-mère maternelle. C'était la seule grand-mère que j'aie connue et je l'aimais beaucoup. Je voulais aller à son enterrement mais on m'en a empêchée, et je ne pus non plus aller lui dire au revoir. Au contraire de ce que pensaient mes parents, je me sentais adulte et assez préparée, mais eux considéraient la mort un tabou, jamais on n'en parlait. Pendant très longtemps j’ai rêvé d'elle et j’ai eu l'impression d'avoir laissé quelque chose d'inachevé.

lundi, avril 16, 2007

Ginette

Bonjour,
je souhaiterais déposer dans le blog un souvenir resté très présent dans ma mémoire depuis l´age de 5 ou 6 ans

Après une partie de jeux agréable avec une petite fille de 4 ou 5 ans,une partie de cache-cache est décidée,je crois. Je décide de me cacher dans un tas de gros troncs d´arbres amoncelés prés de la maison de ma copine, pas loin de ma maison,mais aussi situé prés d´un étang qui se trouve entre les deux maisons.
Je reste dans mon trou contente me semble t-il de ne pas être trouvée dans ma cachette. La nuit arrivant,maman m´appelle,je l´entends et je ne bouge pas l´histoire finit ainsi: tout le village finit par être en recherche car on a peur que je ne me sois noyée dans l´étang.
Je ne bouge toujours pas, au fur et a mesure que le temps passe,je sens l´anxiété de tous y compris de ma mère, mais je ne sais plus : jeu, panique, peur, que s´est-il passé en moi ?
Enfin une dame que je considérais comme ma 2ième maman,je l´aimais beaucoup et elle me gâtais beaucoup, a vu mes yeux brillants dans le noir et est venue
jusqu´a ma cachette pour me prendre dans ses bras et me consoler.
Je crois que si elle ne m´avait pas défendu j´aurais eu une sévère correction par ma mère (mon père est décédé quand j´avais 3 ans).

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dimanche, décembre 31, 2006

Pouvoir me débarrasser de ce pesant fardeau

Bonjour,

Je suis une personne adulte traînant une mélancolie chronique. Néanmoins, mes proches me considèrent équilibrée, sensible et solidaire. Or, j’ai de tout temps la sensation que ma mélancolie pathologique ne provient pas de mon moi profond, de ma manière d’être, mais d’une quelconque autre raison étrangère à moi. À une époque, j’aurais voulu pouvoir me débarrasser de ce pesant fardeau qui m’ankylose à travers une psychanalyse, mais j’ai toujours attendu que l’occasion se présente spontanément au lieu d’aller la chercher.
Aujourd’hui, à ma cinquantième année, l’intérêt pour savoir d’où me provient cette mélancolie maladive m’habite de nouveau, d’abord pour savoir si elle peut s’expliquer ou d’une façon ou d’une autre s’estomper ; ensuite, pour savoir si elle est à l’origine de mes troubles présents.

Je vous raconte deux de mes souvenirs les plus traumatisants, dans l’espoir qu’ils puissent vous intéresser suffisamment pour me conseiller.

Je n’avais pas encore trois ans lorsque ma mère a décidé de m’emmener à l’école, malgré l’objection du centre qui ne prenait pas des enfants mineurs de trois ans. Dans les années 50, les crèches n’existaient pas dans mon petit village des Pyrénées. Finalement, le centre scolaire a accepté, et je me revois dans mon souvenir, la main dans la main de ma mère, devant un immeuble carré, énorme, et une douzaine de marches à grimper qui me parurent terrifiantes. Il faisait froid. Je tenais sagement la main de ma mère et je sentais mon cœur battre très fort dans ma poitrine, et une angoisse croissante en attendant que les portes s’ouvrent. J’espérais qu’un miracle ou une débâcle se produise pour que je ne doive pas rentrer dans cet endroit. Mais ma mère s’est retirée et m’a laissé au milieu d’un petit groupe d’enfants du même âge. La maîtresse nous a fait entrer, j’ai du escalader littéralement un pupitre sali et taché, devant nous s’élevait un tableau noir immense, et une enseignante pas gentille et à la voix nasillarde nous a demandé d’ouvrir un livre jaune qu’elle a mis devant chaque élève, avec des images enfantines en couleurs et de grosses voyelles noires qui semblaient me sourire, unique image apaisante de la journée, (peut-être précurseur de ma passion pour les lettres plus tard).
Les deux cours passés dans cette classe, je me les rappelle également mornes, gris et angoissants, et les images et les sensations qui me reviennent sont toujours aussi oppressantes, hormis le moment de la récréation, où un grand nombre d’élèves, filles et garçons, courraient après moi pour les « divertir » avec mes jeux originels, courageux, parfois empreints de bravades…
De ma scolarité dans ce centre jusqu’en sixième, je n’en garde que des mauvais souvenirs. Je fus un pitre et un cancre, seules échappées pour moi à une éducation répressive et incompréhensible en tous sens. J’en ai toujours voulu à ma mère de m’avoir conduite à l’école avant l’âge, ayant en plus une sœur aînée d’un an, élève modèle, et un frère aîné de dix ans, frère archi-modèle. Je n’oublierais jamais les humiliations vécues.

Le deuxième souvenir est peut-être cliniquement plus traumatisant, bien que personnellement plus bizarre et incompris, mais dans un premier moment moins angoissant. C’est un abus sexuel que j’ai subi à l’âge de 11/12 ans, comme tant de fillettes en subissent… Je ne vous dispense pas des détails : attouchements grossiers, de la part d’un oncle, sur mes seins naissants et mon sexe qu’il blessait, bousculades dans l’escalier avec baisse de culottes et enfouissement de sexe par derrière, lèvres endolories, mordues et forcées a entrouvrir…
Cela a duré deux ans, et mon sentiment en tout moment a été d’incompréhension, de dégoût, de timide repoussage (il s’agissait d’un adulte, quelqu’un de ma famille, censé m’aimer et m’éduquer), de refoulement quant à expliquer cela à personne. Je ne l’ai fait que bien d’années plus tard, au cours d’entretiens entre femmes, étonnée de voir qu’un grand nombre d’entre elles faisaient partie de ce groupe silencieux et soumis de fillettes ayant subi abus.

Voilà, je pourrais bien en chercher un troisième moins douloureux, comme vous le conseillez dans votre livre. Peut-être serait-il le jour où j’ai découvert en plein mois d’août le goût des framboises cueillies en haute montagne, et où il m’a semblé qu’inconsciemment je déclarais, ravie, que rien que pour ce goût-là la vie valait la peine d’être vécue ; ou bien lorsque pour la première fois on m’a offert une poupée en drap presque aussi grande que moi. Il me vient encore à l’esprit le plaisir que j’ai pris à l’embrasser, la mettre dans mon lit, lui raconter à l’oreille mes problèmes enfantins... Je devais avoir six ans, et cet extraordinaire cadeau me revenait pour me consoler d’une chute presque mortelle dans la rivière, alors que je défiais les copains à grimper aussi haut que moi la rampe qui nous séparait d’elle.
Merci
A.P.

lundi, décembre 25, 2006

Je n'ai jamais parlé de ce qui m'était arrivé

Bonjour à vous,
Quand j'avais 5 ans, avec une petite voisine, nous nous sommes déguisées en nous maquillant, rouge à lèvres , fard sur les paupières et talon aiguille que nous avait prêtées la maman de ma petite camarade. Sur l'instant, ma mère n'a rien dit mais en tant qu'enfant j'ai lu dans ses yeux comme un début d'orage. Je ne comprenais pas puisque je voulais qu'elle m'admire et que je me pensais jolie.
Dès que la petite fille est repartie ma mère m'a attrapée par les cheveux en vociférant en arabe. Puis elle m'a jetée à même le sol de la chambre et m'a déflorée à coup de talons aiguille. Je précise que ces talons était hauts, pointus, la pointe en fer comme on les faisait à l'époque. Elle m'a rouée de coups et mes hurlements ont fait accourir ma soeur ainée T. qui s'est mise à hurler en voyant le sang qui coulait entre mes jambes. D'instinct, elle a compris que c'était grave et que ma mère risquait de me tuer à coups de talons.
Ma soeur n'avait que 2 ans de plus que moi, mais elle a perçu que mère n'était pas dans son état normal. et a réussi à la tirer en lui criant qu'elle allait me tuer. Ma mère est sortie de la chambre en me traitant de saloperie de pute. A l'époque je ne savais pas que ce geste avait comme signification ultime parce que dans notre culture tout ce qui concernait l'entrejambe des femmes était nié et tu.
De ce jour; ma mère m'a maltraitée avec une rare violence, en me passant à l'eau froide ou à l'eau chaude. Elle m'enfermait aussi sous un escalier des jours entiers à tel point que je perdais la notion du temps. Elle ne me donnait à manger que le strict nécessaire, un bout de pain dur avec de l'eau. Parfois la nuit elle descendait cet escalier sur lequel elle restait assise. Moi j'essayais de ne plus respirer; de ne plus bouger; de faire comme si j'étais morte. En réalité je pense que je l'étais.
La maltraitance a perduré jusqu'à ce que mon frère B. en parle à l'école. J'ai été placée à la DASS.
Je n'ai jamais parlé de ce qui m'était arrivé. Je lis beaucoup et si j'ai lu moult histoires de viol, je n'ai jamais rien lu qui ressemble un tant soit peu à ce qui m'est arrivé. Et pourtant j'ai lu beaucoup de livres sur les camps de concentration, le non de Klara, l'Oiseau Bariolé de JerZy Koscinsky et j'en passe. Mais jamais je n'ai retrouvé cet acte barbare et primaire.
Voilà ce que je tais depuis toujours mais je ne voudrais mourir dans ce silence.
Merci de m'avoir lue.
S.